Le regret et le remord en Bdsm
- Chloé Caramelle
- 9 juin 2019
- 6 min de lecture
Pensées de Forum
Conversation sur le forum Bdsm.fr, Thème amené par Lady Spencer.
Avez-vous fait dans votre existence, des actes dont vous avez le regret ou le remords ?
En BDSM principalement
Par exemple, ne pas avoir osé faire tel ou tel "jeu" par crainte, par inexpérience, par peur d'avoir mal ou de faire mal.
Autre exemple : avoir dit oui à une personne et le regretter ensuite .
Ou avoir dit non et le regretter tout autant !
Etre allé trop loin dans un acte qui aurait pu être dangereux, pour soi ou pour l'autre .
Je me souviens de deux jeunes femmes, dominatrices, ayant confié leur désarroi quant à la flagellation qu'elles avaient fait vivre à leur soumis.
Elles s'étaient laissées dépasser par leurs émotions, et avaient alors dépassé le seuil du supportable pour leur compagnon : l'une s'est arrêtée à temps, l'autre a porté un coup de trop et a perdu la confiance de son ami soumis.
Ces deux jeunes femmes se croisaient sur un forum BDSM, et ne se connaissaient pas
A l'occasion d'un échange sur un tchat ce soir là, où nous étions toutes les 3, elles ont répondu à mes questions (comme dab, je suis et resterai une incorrigible curieuse) et ont ressenti ce besoin de s'amender de cette expérience très mal vécue
L'une a décrit ce dépassement comme un danger réel qu'elle avait croisé et fait subir à son soumis : elle a ressenti une violence insoupçonnée en elle, et a su alors, que le fouet tenu devenait une arme redoutable .
Elle a stoppé immédiatement la flagellation, alors que son soumis appréciait grandement cette "puissance" en elle .
Elle a compris qu'elle perdrait la maitrise de son geste si elle poursuivait.
Elle raconta son histoire et nous avoua qu'elle n'avait plus repris son fouet depuis plusieurs mois.
La seconde domina n'a pas eu conscience de son geste de trop mais a ressenti cette violence grisante qui la possédait, sans pouvoir se contrôler.
Plus grave encore, elle n'a pas ressenti le BESOIN de se contrôler : elle ne se rendait pas compte qu'elle allait au-delà de la ligne rouge.
En détachant son soumis, elle se sentie "giflée" par les larmes de son visage, et compris alors être allée trop loin.
La relation a pris fin dès le lendemain : beaucoup de regrets et de tristesse pour ce couple brisé
Ces deux exemples sont rares à plusieurs titres : d'abord, peu de Doms "avouent" être allés trop loin, et heureusement, peu de Doms se laisser envahir par une violence "gratuite"
Une violence qui n'a pas de sens donc.
Ensuite, peu de Doms, hommes ou femmes, sont capables de reconnaître une erreur "publiquement" : sur un tchat dédié certes, mais au vu et su des autres membres DS et SM
Réponse à lady Spencer.
Qu'est-ce qu'une violence gratuite ? Cette violence avait un sens probable pour elle, le souci est qu'elle s'est laissée submergée. Est-ça le domspace ?
J'essaie de ne pas avoir de regret ou de remords. bdsm ou pas d'ailleurs, J'essaie de ne pas me mettre en position de risque. Je respecte toujours le consentement, l'état physique/psychique d'un partenaire, ses envies.. mais je préfère en effet aller moins loin que trop, quitte à ce que ce ne soit pas assez. Mais je ne regrette pas.
J'ai des pincements qui ressemblent à des regrets, des doutes sur certains choix mais quand on fait un choix, on laisse forcément quelque chose de côté
Vous me surprenez agréablement Lady Spencer (aurait je fait école avec mon propre post la rupture une petite vue coté dominant ? désolé je vous taquine là.)
Mais force est de constater que oui, les doms n'aiment pas écrire ou discuter de leurs échecs, toujours cette fierté mal placée, mais ce n'est pas le fond du débat.
Donc pour vous répondre, je vais déjà définir regret et remord vu de mon coté.
Par regret, j'entends certaines pratiques que nous n'avions pas pu explorer faute de temps avec Chloé (mon ancienne soumise et son départ dans le sud)
Par remords, j'entends le fait d'avoir pousser le jeu trop loin, ou avoir fait certains jeux qui sont tabous pour ma soumise (exemple : pratique des aiguilles sur elle, ou comme vous l'avez raconté s'être laissé grisé par cette sensation de puissance)
Ceci peut donc être interprété différemment pour chacun(e) d'entre nous.
Donc, de mon coté des légers regrets, pour des jeux non pratiqués avec Chloé (faute de temps), donc aucune incidence, car pas de zone rouge atteinte
Des remords ? aucun, car je suis beaucoup plus rigide avec moi même qu'avec ma soumise, et je n'ai jamais atteint la zone rouge (coté dom), j'ai bien par contre ressentit cette sensation de puissance, celle qui peut nous griser.
Pour cela, le dialogue, toujours le dialogue pour ma soumise, avec un système de codification afin qu'elle puisse arrêter à tout moment.
Je suis le garant de sa sécurité physique et mentale, c'est à dire son garde-fou, je n'ai donc pas le droit de faillir dans la tâche. Je n'ai pas le droit de me laisser aller coté zone rouge.
Donc très régulièrement je m'interrompt, je lui demande "comment vas tu ?" ou "comment te sens tu ?" ou je lui demande "si elle désire faire une pause" ou "si elle désire continuer" ou encore "si je dois la pousser un peu plus", je ne fais rien sans son consentement, car je sais que cette petite ligne rouge, est très fine elle marque le respect complet ou le dégoût profond suivant qu'on l'atteint sans la franchir, ou qu'on la transgresse sans plus se soucier de l'autre.
De mon expérience avec Opale (d'ailleurs j'ai eu des très bonnes nouvelles il y a quelques jours sur cette rupture ou plutôt break cause personnelle de son coté), m'a permit de recommencer les jeux de façon soft et douce.
Car novice et jeune, d'ou beaucoup de questions, et donc de réponses de ma part, d'attentes à clarifier et être d'accord tous les deux, et donc toute une panoplie de jeux à faire ensemble et partager, car c'est pour une relation longue.
Il y a un code moral à garder, et toute la beauté du jeu réside dans la façon de montrer à l'autre qu'on se maîtrise, qu'on maîtrise le jeu, pour les deux et qu'on ne cède pas à ses pulsions intérieures.
Alors oui le sentiment de puissance est là, il est sournois, enivrant, tellement puissant car on a le contrôle. Mais il est dévastateur lorsqu'on lui laisse la place. Dans la relation D/S tout est exacerbé, la moindre dérive prend des proportions gigantesques car on flirte parfois avec des limites.
Une belle relation, c'est celle du dialogue, de la détente avant pendant et après, du respect de l'autre, de la complicité à entretenir, et de développer tout cet ensemble à deux (ou plusieurs).
"Le maître apprend tout autant de son élève..." je me répète cette maxime depuis très longtemps dans tous les domaines, et chaque jour elle me le rend bien.
Je n'ai pas à ce jour franchi la zone rouge pour mon plaisir, et j'entends bien poursuivre de cette façon, et savoir qu'elle existe côté Dom, me permet de garder le contrôle de moi même. Et quand bien même je devrai lui céder un jour, et bien je préfererai tout arrêter le lendemain car j'aurai honte d'avoir perdu le contrôle de moi même et avoir perdu le respect de ma soumise, je ferai un bien piètre dominant.
Je ne peux pas parler de regrets ou remords mais j'ai commencé le BDSM persuadée d'aimer faire mal, aimer jouer et un jour j'ai pris conscience d'avoir en fait commencé par vengeance sur les hommes. J'ai immédiatement arrêté afin justement de ne jamais aller trop loin, ne pas passer cette ligne rouge. J'ai fait un gros travail sur moi même, sur ma colère, ma rage...
... et je suis revenue au SM par goût en étant sûre de mes émotions et certaine de pouvoir les contrôler. J'aime jouer avec le corps masculin en particulier grâce à la douleur et je ne regrette rien malgré tout de cette époque qui m'a fait découvrir un monde merveilleux, riche et sensuel.
J'assume mes erreurs comme j'assume mes goûts (sourire) oui un désir de vengeance, profond, lancinant, effréné.
J'ai analysé mes émotions et j'ai fait en sorte que mon désir de "tuer" ne concerne pas la totalité de la gente masculine mais seulement la personne responsable de ma colère, de ma rage oserais-je dire même. Une introspection pour remettre les choses à leur juste place. J'ai repris le BDSM, axé essentiellement sur le SM (question de goût...) par choix et par envie de pratiquer et non plus par besoin, juste parce que j'aime faire mal
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